JE M’SOUVIENS LES BRAISES ROUGES

Texte de Christian Paccoud d’après Maurice Fanon

Je m’souviens c’était dimanche,
Dimanche de petit dimanchien,
Petit tiercé, petit train-train,
Petit pot avec les copains,
Comme on se retrouve un lundi matin,
Quelque part à Pantin,
Dans une usine machin
Avec : « tiens, mais où est donc passé Lucien ? Lucien ? Lucien ? »

« Lucien non ! »

C’est pas finit Lucien, les braises rouges de la révolution sont de plus en plus noires c’est vrai, certains dimanches elles prennent une drôle d’odeur c’est vrai, mais, si on est quelques uns à souffler dessus je te jure que le feu va reprendre….

Ils existent encore Lucien, ils se retrouvent dans les bars, dans des centres culturels, à l’Olymp… au Limonaire ! et si tu tends bien l’oreille, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, dans le ciel étoilé de Paris ou d’ailleurs tu les entends qui chantent parce qu’il y en a encore, qui son pas d’accord, pour que certains couchent dehors, pour que certains souffrent et meurent dehors quand pour d’autre c’est trop grand dedans !

Je m’souviens c’était dimanche,
Dimanche de petit dimanchien,
Petit tiercé, petit train-train,
Petit pot avec les copains,
Lui c’est Lucien.
Je m’souviens c’était dimanche,
Sur l’écran noir taché de rouge,
Allaient s’inscrire quelques nuits blanches,
Qu’à l’Est personne ne bouge.

Il a posé son seau de colle,
Baissé les yeux, tombé l’espoir,
Lui c’est toute sa vie qu’on lui vole,
C’est tout un seau de désespoir…