SPASME

Texte de Christian Paccoud

C’est comme un long spasme ordinaire
Qui revient du ventre des eaux
Lune d’été, l’ombre en hiver
Les petits mangés par les gros

Qui de ceux-là mangent la terre ?
Qui vend le sel aux entrepôts ?
Qui de l’homme ou de l’éphémère
Brûle la ronde et salit l’eau ?

Je sais la glisse des jours tendres
Je sais le feu doux sous la poêle
Quand le cœur tout chaud sous la cendre
Fait claquer le vent dans les voiles

Voyez les hordes d’enfants tristes
Mouiller des jardins roses parme
Que la violette au violoniste
Laissait à la rosée des larmes

A l’aube, ils s’en vont revenir
Le rire au cœur des manigances
L’adolescence à crève lire
Des soucis de l’histoire de France

Ca monte, ça descend, ça vole
Ca tombe au pied des salles des ventes
La vague est lente qui se colle
Le nez dans les fables mouvantes

Un homme est fort mais l’autre tremble
La femme est debout sur la table
Le train qui siffle s’il me semble
Ne connaît la rose des sables

Ni l’araignée qui tisse toile
Contre la pluie des nuits bleutées
Des crapeaux se cachent qui râlent
Des firmaments désintégrés Ho Hé Ho Hé

Les mots d’amour…

C’est pas moi qui les sers
Petit poète mais c’est moi qui les vante
Regarde où tu m’entraînes à travers vers
Regarde où tu m’emmène à travers « chante »

C’est un auteur qui me tire par la manche
Qui paraphrase à cours de boniments
Qui me dit quand tu chantes c’est dimanche
Et quand je chante, il met ses habits blancs…

Ca me revient…

Comme un beau spasme qui se plaque
Quatre fois l’an, souvent la nuit
Qui constate le sang des flaques
Sur l’habit taché vert de gris

Qui de la poudre au nucléaire ?
Qui revend le sel aux marins ?
Qui de l’icône ou de l’équerre
Tisse la ronde en ces quatrains ?

Je sais les crimes de mains lâches
L’innocence aux cheveux défaits
Quand l’homme à la douleur s’attache
Que les soudards font œuvre à pied

Le pire est l’ombre des possibles
La montagne accouche d’un livre
Le cheval se cabre impassible
Face au couteau qui le délivre

Qui saigne ? Qu’on l’use ou qu’on lasse
Le galop s’accroche au galop
Nous sommes gueux mais gens d’en face
Jamais n’avons baissé drapeaux

Nous reviendrons en terre d’Espagne
Prendre les chars sur nos épaules
Le livre accouche la montagne
L’idiot fait sa nuit sous le saule

Nous n’avons d’encre que nos quêtes
L’horizon s’est embétonné
Sur le sable des ballons fêtes
Les seins des femmes sont bronzés

Mais le lait fuit du cou des tubes
Comme égorgés au ciel séchant
Plus loin quelques roses en cube
Virent au vert des es crémants Han Han Han Han

Les mots d’amour…

C’est pas moi qui les sers
Petit poète mais c’est moi qui les vante
Regarde où tu m’entraînes à travers vers
Regarde où tu m’emmène à travers « chante »

C’est un auteur qui me tire par la manche
Qui paraphrase à cours de boniments
Qui me dit quand tu chantes c’est dimanche
Et quand je chante, il met ses habits blancs…

Ca me revient….

Comme un doux spasme humide et lourd
Qui s’écrase au pied des colombes
Imperturbable, aveugle et sourd
Quand à l’automne les hivers tombent

Qui paiera sa place aux cabines ?
Qui vend du ciel aux banlieusards ?
Qui fait la belle aux citadines
Quand à la nuit le jour s’égare ?

Je sais des langueurs qui se couchent
Dans la paille et dans l’herbe froide
Je sais le verbe sous la souche
Qui pousse les bateaux en rade

L’hiver est rude, la glace est dure
Qui toujours fond dans quelques temps
La force des garçons natures
L’élégance aux mesures des grands

Je verse le verbe en cascade
Je vais, je vire, j’ouvre, j’obtiens
Je grandis, j’aime les aubades
Au presque parfait des matins

J’ harangue, pire que tout gueule
J’éclaire et j’agite les poings
Qui l’aime la suive et la veule :
L’inespérance n’est plus rien

Accroupis des tyrans vomissent
Le sang d’inutiles bévues
Qu’un pied les pousse vers l’abysse
Au nom des marins disparus

Ca revient pas dessus l’épaule
La révolte aux grandes marées
Même que l’idiot, sous le saule
Sonne du cor, tape du pied Ho Hé Ho Hé

Les mots d’amour…

C’est pas moi qui les sers
Petit poète mais c’est moi qui les vante
Regarde où tu m’entraînes à travers vers
Regarde où tu m’emmène à travers « chante »

C’est un auteur qui me tire par la manche
Qui paraphrase à cours de boniments
Qui me dit quand tu chantes c’est dimanche
Et quand je chante, il met ses habits blancs…

Ca me revient….

Comme un spasme d’éternité
Que le matin pose à nos portes
Le chien, le loup, les éperviers
Font patte blanche et le rapporte

Qui boit le sang ? Qui fait prière ?
Qui vend l’amour aux amoureux ?
Qui fait le pêcher dans la bière
Quand les putains ont les pieds bleus ?

Je sais le théâtre immobile
Des statues de l’ordre aux vertus
Quatorze acteurs pour une file
Des spectateurs au coin d’la rue

Les mots se lèvent pour combattre
Ceux qui de la bouche des dieux
Avaient dit trois plus un font quatre
L’herbe est verte et l’arbre est de bois

Que sous les plumes se ranime
La dignité des opinions
Debout les crayons sous les mines
Rouge est la verve en nos chansons

Les musiciens sur la falaise
Jouent la supplique en mi bémol
Bravons les sanglots les fadaises
Les petits pas des farandoles

Ca y est ça danse dans ma tête
C’est le printemps qui barricade
Sans promesses sans dieux ni maîtres
Roulez tambours ! Tombe la vague

Comme un spasme d’éternité
Qui revient par dessus l’épaule
La révolte aux grandes marées
L’idiot… fait sa nuit… sous le saule